Durant la phase ascendante du cycle solaire 25, l’orbite terrestre basse est devenue un environnement plus hostile et imprĂ©visible pour les satellites qu’Ă toute autre Ă©poque de l’histoire des vols spatiaux. Une nouvelle analyse de 523 rentrĂ©es atmosphĂ©riques Starlink a confirmĂ© que l’intensification continue de l’activitĂ© solaire entraĂźne une accĂ©lĂ©ration spectaculaire de la dĂ©croissance des orbites des satellites. L’Ă©tude, menĂ©e par des chercheurs du Goddard Space Flight Center de la NASA et de l’UniversitĂ© du Maryland, fournit la preuve statistique la plus solide Ă ce jour que les tempĂȘtes gĂ©omagnĂ©tiques, provoquĂ©es par les Ă©ruptions solaires et les Ă©jections de masse coronale, rĂ©duisent considĂ©rablement la durĂ©e de vie opĂ©rationnelle des satellites en orbite terrestre trĂšs basse.
Ces rĂ©sultats surviennent alors que la constellation de milliers de satellites Starlink domine l’environnement proche de la Terre, aggravant les craintes de longue date concernant les risques de collision et la prolifĂ©ration de dĂ©bris.
https://vk.com/video647796984_456246597
đš Rien qu’en 2024, un nombre record de 316 satellites Starlink sont rentrĂ©s dans l’atmosphĂšre terrestre, un nombre qui Ă©clipse toute autre perte de satellite enregistrĂ©e en une seule annĂ©e. Selon la nouvelle Ă©tude, ces pertes ne sont pas alĂ©atoires. Elles sont Ă©troitement liĂ©es Ă l’activitĂ© gĂ©omagnĂ©tique et Ă son impact sur la thermosphĂšre terrestre, qui se dilate et se rĂ©chauffe lors des tempĂȘtes solaires, augmentant la traĂźnĂ©e des engins spatiaux en orbite.

Les chercheurs, dirigĂ©s par Denny M. Oliveira et Eftyhia Zesta, ont rĂ©alisĂ© une analyse d’Ă©poques superposĂ©es Ă partir de donnĂ©es d’Ă©lĂ©ments Ă deux lignes couvrant une pĂ©riode de quatre ans, entre 2020 et 2024. Cette mĂ©thode leur a permis d’isoler les effets des tempĂȘtes gĂ©omagnĂ©tiques sur le comportement des satellites avec une clartĂ© statistique sans prĂ©cĂ©dent. MĂȘme en tenant compte des limites de la prĂ©diction d’orbite basĂ©e sur les TLE, les tendances Ă©taient sans ambiguĂŻtĂ©. Les satellites rentrent plus rapidement dans l’atmosphĂšre, avec une vitesse plus Ă©levĂ©e et des erreurs plus importantes dans les temps de dĂ©croissance prĂ©vus, pendant les pĂ©riodes de perturbations gĂ©omagnĂ©tiques accrues.
La traĂźnĂ©e subie par les satellites en orbite basse n’est pas statique. Elle rĂ©agit dynamiquement aux variations de densitĂ© et de tempĂ©rature de la haute atmosphĂšre. Lors des orages gĂ©omagnĂ©tiques, dĂ©clenchĂ©s par des explosions de plasma solaire percutant la magnĂ©tosphĂšre terrestre, l’ionosphĂšre et la thermosphĂšre se rĂ©chauffent et se dilatent. Cela augmente la densitĂ© atmosphĂ©rique aux altitudes oĂč Ă©voluent gĂ©nĂ©ralement les satellites, ce qui entraĂźne une traĂźnĂ©e aĂ©rodynamique plus forte.
Les satellites Starlink Ă©tant rĂ©guliĂšrement dĂ©ployĂ©s Ă des altitudes comprises entre 210 et 550 kilomĂštres, sont particuliĂšrement exposĂ©s Ă ces variations de traĂźnĂ©e. Le problĂšme devient aigu lors des perturbations gĂ©omagnĂ©tiques, lorsque la thermosphĂšre peut devenir 50 % plus dense en quelques heures. C’est ce qui s’est produit lors de la dĂ©sormais tristement cĂ©lĂšbre tempĂȘte de fĂ©vrier 2022, oĂč prĂšs de 40 satellites Starlink nouvellement lancĂ©s n’ont pas atteint leur orbite opĂ©rationnelle et ont brĂ»lĂ© dans l’atmosphĂšre.
Cette nouvelle Ă©tude va bien au-delĂ des incidents isolĂ©s. En traitant les donnĂ©es de dĂ©croissance orbitale de plus de 500 rentrĂ©es atmosphĂ©riques, les auteurs ont identifiĂ© des tendances statistiques claires reliant la gravitĂ© de l’activitĂ© gĂ©omagnĂ©tique Ă la vitesse de rentrĂ©e atmosphĂ©rique, Ă l’augmentation de la vitesse et Ă l’erreur prĂ©dictive. Leurs rĂ©sultats montrent que les satellites exposĂ©s Ă des conditions gĂ©omagnĂ©tiques sĂ©vĂšres (indice Dst †â200 nT) sont rentrĂ©s dans l’atmosphĂšre en seulement 7 jours aprĂšs avoir atteint une altitude de rĂ©fĂ©rence de 280 kilomĂštres. Dans des conditions faibles, ce processus prend gĂ©nĂ©ralement plus de deux semaines. Lors de tempĂȘtes modĂ©rĂ©es, le temps de rentrĂ©e atmosphĂ©rique est en moyenne d’environ 12 jours.